La crise de la pandémie du Covid-19 risque d’avoir « des effets négatifs énormes de grande portée et à long terme » sur les enfants du monde entier selon Human Rights Watch (HRW).
Depuis plusieurs semaines, Naed Jasmin Désiré est confinée avec sa famille. En plus de gérer ses activités professionnelles à distance, la bloggeuse et juriste emploie la majeure partie de son temps à s’occuper de ses deux enfants, Ian et Keren.
« C’est une tâche difficile. Notre nounou est rentrée chez elle. Seule la cuisinière a décidé de rester avec nous durant la période », explique-t-elle. C’est à Mme Désiré de planifier les activités quotidiennes de ses enfants.
Naed J. Désiré révèle qu’elle a observé certains changements chez ses enfants qui sont actuellement privés de leurs activités habituelles. « Mon fils de six ans commente régulièrement sur le Covid-19. Que ce soit dans ses prières ou dans ses conversations. Quant à ma fille de 2 ans, elle demande tout le temps à voir sa maitresse d’école ou des membres de la famille », affirme-t-elle.
Les enfants sont en grand danger
Dans un rapport publié le 9 avril dernier, Human Rights Watch alerte sur « les effets négatifs de longue portée et à long terme » que la pandémie du Covid-19 pourrait avoir sur les enfants.
Selon l’organisme en Droits humains, « Les contraintes que subissent les familles, surtout celles qui vivent en quarantaine ou confinées, augmente l’incidence des violences domestiques. »
Toujours d’après l’institution, « les pertes généralisées d’emplois et de revenus, ainsi que l’insécurité économique frappant les familles, sont susceptibles d’augmenter la fréquence du travail des enfants, de l’exploitation sexuelle, de la grossesse des adolescentes et du mariage des enfants.»
Samuel Jean Baptiste, psychologue engagé dans la protection de l’enfance, révèle que la situation créée par la pandémie est favorable à un changement de comportement chez toute personne, y compris les enfants.
Selon lui, « les nouvelles limites comme l’interdiction des embrassades imposées par les gestes barrières peuvent créer des doutes chez les enfants. Ils peuvent également devenir subitement agressifs et rebelles, refusant d’obéir aux ordres. »
Naed J. Désiré estime pour sa part que les enfants sont exposés à la peur de la pandémie et au chagrin occasionné par le manque d’interaction sociale. D’après elle, les parents apeurés par les informations et les conséquences du Covid-19 peuvent facilement transmettre ce sentiment aux enfants. Un avis que partage également Samuel Jean Baptiste.
Des mesures sont à prendre
Mme Désiré et M. Jean Baptiste affirment séparément que les médias se trouvent parmi les premières causes de ces changements de comportements. Les informations quotidiennes évoquant le nombre de victimes du virus peuvent causer préjudice à un enfant.
Ils conseillent donc aux parents de contrôler l’accès des enfants aux médias pour qu’ils évitent la dépression. Naed J. Désiré affirme qu’en plus de diminuer l’accès aux écrans à ses enfants, elle sélectionne le contenu des émissions qu’ils doivent regarder.
Samuel Jean Baptiste rajoute que les parents doivent éviter toute forme de violence à l’égard des enfants. « Ils doivent aussi donner importance à leur propos, leur fournir des explications sur l’application des gestes barrières et surtout éviter de leur mentir lorsqu’ils n’ont pas la réponse à une information. »
« À part des nombreuses tâches que cela comporte, j’ai réalisé que c’est une opportunité de passer du temps avec mes enfants et de les observer directement »
Une opportunité à saisir
Le confinement en famille peut être aussi considéré comme une opportunité pour les parents. C’est du moins ce que révèlent les deux intervenants séparément. « À part des nombreuses tâches que cela comporte, j’ai réalisé que c’est une opportunité de passer du temps avec mes enfants et de les observer directement », lâche Mme Désiré qui révèle qu’elle a pu découvrir des nouveaux traits de personnalité chez ces derniers.
Grâce au confinement, la famille se réunit régulièrement pour dîner, mais surtout pour prier. Les Désirés, emploie une méthode participative impliquant même les enfants.
« À la fin de notre prière commune, nous les demandons toujours de réagir autour du verset de la soirée ou encore de la méditation », prolonge Mme Désiré qui se montre stupéfaite des commentaires de ses enfants, particulièrement de son fils aîné.
Lire aussi: Comment choisir son conjoint? Des couples chrétiens témoignent
Samuel Jean Baptiste, quant à lui, accentue sur l’importance des moments de prière. « C’est une opportunité, d’après lui, de renforcer les valeurs chrétiennes chez les enfants. » En ce sens, il conseille aux parents de créer des activités comme la mémorisation de versets et la narration des histoires bibliques pour combler le temps que passaient les enfants à l’église.
Il admet cependant que c’est une tâche très difficile à accomplir, car maintenant ce sont aux parents d’occuper le temps qu’occupaient des institutions comme l’église et l’école. « En temps normal, les parents préfèrent inscrire les enfants à d’autres activités, mais maintenant c’est à eux que reviennent la tâche. »
Haïti compte actuellement parmi les 188 pays qui ont fermé les portes des établissements scolaires à cause de la crise du Covid-19. Conscient du danger auquel sont exposés ces derniers, Human Rights Watch exhorte les gouvernements à « agir de toute urgence pour protéger les enfants lors de la pandémie. »
Hadson A. Albert
Visitez les réflexions de Naed Jasmin Désiré sur la vie de couple à travers son blog: 1 sentier pour 2
Leave A Reply