La théologie de la prospérité est l’un des courants les plus récents apparus parmi les dénominations du protestantisme. La forme cultuelle qu’elle prend emprunte certains traits aux Eglises évangéliques et en particulier au pentecôtisme dont elle n’est qu’un prolongement.
La doctrine est remarquée aux Etats-Unis en 1960 parmi des pasteurs pentecôtistes qui ont renforcé leur « ministère » par des enseignements, des écoles bibliques, mais surtout, en utilisant les mass-médias pour vulgariser leurs prédications. Ils sont généralement appelés « Télé évangélistes » en raison des vitrines médiatiques qu’ils utilisent dans l’objectif de rallier un grand nombre de gens à leur assemblée communément appelée « megachurchs ».
Les aspirations de la doctrine sont matérialistes puisqu’elles s’acquièrent un langage décomplexé par rapport à l’argent et à la richesse. Après l’Amérique du Nord, la doctrine est très répandue en Afrique et en Amérique du Sud où elle suscite l’espoir chez des populations confrontées quotidiennement à la misère, la souffrance et la pauvreté.
Ce qu’elle enseigne
Les télévangélistes, à travers la théologie de la prospérité, enseignent qu’en plus du salut, le Christ veut assurer les richesses matérielles de tous les croyants qui manifestent inébranlablement leur foi en prononçant avec autorité des paroles de « bénédiction » sur leur vie. C’est seulement ainsi que le croyant peut espérer un accomplissement de la volonté de Dieu qui ne veut que son bien-être matériel et spirituel.
Cette bénédiction est également provoquée par la générosité et les actes d’engagement du croyant envers Dieu. Celui qui donne recevra sa bénédiction au centuple selon ce que prescrit l’enseignement de la doctrine. Ces « retours de bénédiction » ne s’accompliront pas automatiquement ; il faut croire et maintenir cette force de foi jusqu’au bout.
La théologie de la prospérité définit donc les conditions de l’homme selon une dimension idéaliste duquel découle tout principe matériel. Elle garde une proximité avec la « pensée positive » et la science chrétienne qui font croire que le spirituel constitue la vraie réalité par laquelle sont soumises toutes les autres sphères constituant l’homme.
Guy Bucumi rapporte, dans un article, les explications de deux prédicateurs sur le fondement de cette théologie. Il présente premièrement l’illustration de l’américaine Gloria Copeland qui explique la théologie de la postérité comme une équation sans équivoque. « Donnez 10 dollars et vous en recevrez 1 000. Donnez 1 000 dollars et vous en recevrez 100 000… En résumé, affirme-t-elle dans God’s Will is Prosperity (« Dieu veut la prospérité »), en s’appuyant notamment sur l’évangile de Marc 10,30 (NDLR : où le Christ affirme que celui qui donne recevra au centuple) est une très bonne affaire. ».
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Robert Tilton dans le livre God’s Laws of Success (Les Lois divines du succès) suit la même idée que Copeland, rapporte Bucumi dans l’article. Il affirme pour sa part que « le succès est disponible ici et maintenant… Il dépend de vous de le recevoir. Si vous ne réussissez pas, c’est votre faute et non celle de Dieu. ».
Cette théologie appelle les gens à positiver leur avenir s’ils veulent espérer un changement de leurs conditions de vie. Tous les prédicateurs du courant sont unanimes concernant ce discours matérialiste qui a influencé certaines Eglises évangéliques.
En plus de la richesse, la doctrine fonde ses caractéristiques sur trois autres composantes : Le pardon des péchés, la santé et la libération des influences démoniaques. Mais toutes ces composantes s’acquièrent, selon la théologie, en prononçant des paroles positives sans douter et en pratiquant une générosité envers Dieu qui ne manquera pas d’offrir ses bénédictions au croyant.
Hadson Archange Albert
Comment
Je remarque que l’auteur a mis des gants pour cet article en ce qui concerne la contextualisation actuelle de cette doctrine . Mais l’essentiel est quand même dit dans ces lignes.
En résumé, cette théologie veut vous faire croire que votre bien-être, vos bénédictions dépendent de votre générosité (financière) envers un service pastorale (ecclésiastique). Disons plus simplement: un “deal” entre Dieu et vous.