
Crédit: camernews.com
« J’ai conscience que l’idée de gérer une église comme une entreprise peut gêner. Mais ce n’est que comme ça que l’on peut contribuer au salut des personnes ». Ces mots sont de Dieunedort Kamdem. Ils ont été publiés en 2015 dans un copieux article du journal Le Monde qui s’était, alors, intéressé par ce qu’il appelait le « juteux business » du pasteur camerounais. Voici comment l’homme qui se croit être le « Général » de Dieu se taille une idée de l’Eglise et du salut éternel des hommes. Une telle idée est non seulement erronée, mais, également, dangereuse puisqu’elle fait fi de la croix de Jésus-Christ, seul moyen salutaire que déclare et reconnait la Bible.
“L’homme manifeste un désir ardent pour l’argent et casse la tirelire de ses fidèles“
Kamdem et nous
Dieunedort Kamdem est actuellement en Haïti, ce 4 juillet 2018. Comme il l’avait promis au cours de sa visite en juin dernier, il est revenu pour le huitième anniversaire du Ministère Shalom, où il a été présenté au public comme leur “Grand père” (Père spirituel du Pasteur Forges, lui-même père spirituel du pasteur Muscadin). C’est sa deuxième visite effectuée en moins de deux mois dans le pays.
Kamdem était en effet en Haïti le 3 juin dernier à l’occasion du 18e anniversaire de l’église Roc Solide de Tabarre, a-t-on pu voir sur la page Facebook de l’église. La tournée qu’il en avait profité pour faire avait soulevé certains mécontentements. Suite à plusieurs manifestations publiques de désapprobation, le Centre diplomatique Famille Tabernacle de Louanges, dirigé par le Pasteur Jean Héder Petit-Frère, qui devait le recevoir pour 4 jours, avait annulé ce rendez-vous “pour des raisons administratives“. En quelques jours ici en juin, il avait réussi à devenir viral sur les réseaux sociaux, notamment grâce à une vidéo où on le voit danser en compagnie du Pasteur Muscadin.
C’est donc la troisième visite de Kamdem en Haïti en seulement un an, en dépit des diverses accusations qui pèsent sur sa réputation et sur son ministère. La réputation de Kamdem a franchi une étape quand, en mars dernier (2018), un mandat a été émis contre lui. Selon ce mandat publié sur le Journal de Montréal, le sieur Kamdem serait donc recherché par la police sur « toute l’étendue du territoire » du Cameroun pour « escroquerie aggravée en coalition ». Selon les explications fournies par ledit journal, Kamdem aurait incité ses fidèles à investir dans une entreprise privée, Gesem Forex Trading, qui ne remplissait pas les conditions requises pour procéder à des collectes de fonds publics.
L’homme a avoué, en partie, au Journal de Montréal comment il a anticipé ses déboires en s’installant au Canada où il dirige, déjà, une assemblée, dans le quartier de Rosemont. Mais, ses pratiques pécuniaires n’ont pas changé. L’homme manifeste un désir ardent pour l’argent et casse la tirelire de ses fidèles au profit des ses intérêts.
Sans vraiment donner de détails, il a fait récemment savoir aux médias qu’il a résolu ses problèmes avec la Justice et est retourné au Cameroun sans se faire épingler. Il explique tout le mal que l’on dit de lui comme étant un grand complot pour ternir son image.
Après avoir été fugitif, il semble qu’une entente ait été trouvée entre Kamdem et la Justice camerounaise, annulant peut-être, son objet de poursuite. C’est en tout cas l’explication donnée le 17 juin dernier par Gérard Forges, pasteur responsable de l’Eglise Roc Solide Tabarre, auprès des fidèles de l’église, tentant d’essuyer les « faits » qui ternissent la réputation de Kamdem. Pour justifier le cas Kamdem, le pasteur Forges a offert à ses fidèles l’exemple de Jésus qui a lui-même a été la cible de détracteurs.
Qu’en dit la Bible ?
Dieunedort Kamdem est loin d’être comparable au Christ. Les deux personnages s’opposent même. Les Pharisiens n’ont pas pu soutenir leurs accusations contre Jésus. Pilate n’a trouvé aucun motif de condamnation contre le Seigneur et ne l’a livré que sous la pression de la foule, explique clairement la Bible. Jésus était aussi un exemple d’humilité et de désintéressement. Jésus était accusé de blasphème parce qu’il se disait – à raison – le Messie et Fils de Dieu, et la fausse accusation évidente qu’il soulevait le peuple” et non parce qu’il s’enrichissait aux dépens de ses disciples.
« Je suis innocent du sang de ce juste ; vous, vous y aviserez », a-t-il dit après qu’il s’est lavé les mains (Jean 8.28).
Kamdem n’est pas accusé parce qu’il prend position pour Dieu mais parce que cherchant son propre intérêt. Les chefs d’accusation sont mêmes compromettants contre lui, dans son cas. S’il lui reste à clarifier ses démêlés avec la justice d’une part, les actions que lui reproche l’opinion publique, et même ses frères Chrétiens, sont assez solides et leurs remontrances trouvent assises dans la Bible.
Dans le chapitre 3 du premier livre de Timothée, Paul a clairement fait mention de 15 critères que doit dûment remplir celui qui aspire au pastorat.
Kamdem bute sur le tout premier cité par l’apôtre qui requiert que l’évêque soit « irréprochable » aux yeux de tous. Une étape « fondamentale et absolue », selon John Marc-Arthur dans ses commentaires à ce sujet car, dit-il, tous les autres critères qui s’ensuivent en dépendent. Quant à celle de Kamdem, elle est répréhensible et ce sont les faits qui le montrent.

Le mandat émis contre Dieunedort Kamdem en mars dernier
“ Kamdem conçoit son église comme une entreprise et ne trouve aucune gêne à le déclarer publiquement”
Un vendeur d’illusions ?
Comme tous les leaders de la théologie de la prospérité, Kandem est un pur vendeur de miracles qui a transformé le temple de Dieu en caverne de voleurs (Mathieu 21.13). Ses interventions show-times à l’église Shalom Tabernacle de Gloire, où il invite les fidèles à donner de l’argent dans des enveloppes ointes d’huiles qu’il a distribuées en échange de prétendus miracles en sont de parfaits exemples.
A la Cathédrale de la foi, l’assemblée qu’il dirige au Cameroun, il est formellement interdit de déposer les pièces de monnaie dans la corbeille, car le tintement qu’elles provoquent dérangent Dieu qui verrait le geste comme une insulte. Le « prophète » conçoit son église comme une entreprise et ne trouve aucun gène à le déclarer publiquement.
L’amour de Kamdem pour l’argent est copieux de celui du prophète Balaam qui pensait pouvoir négocier ses dons contre le peuple de Dieu en échanges des richesses que lui proposait Balak (Nombres 22.1-35). Malgré cet exemple, des leaders évangéliques osent aujourd’hui se comporter de la sorte sans gêne, ni honte, en prêchant un évangile qui exploite l’émotion des pauvres pour leur arracher leurs biens jusqu’au dernier centime.
Cette cupidité flagrante retrouvée chez Kamdem le heurte contre un autre critère prononcé par Paul. En plus de sa renommée, un pasteur doit être aussi « désintéressé » des biens terrestres, nous apprend I Timothée 3.3.
Paul s’est contenté de prêcher par l’exemple au cours de son ministère. Ses adieux aux chrétiens d’Éphèse nous montrent que la véritable mission d’un pasteur est loin d’être ce que prétend la théologie de la prospérité.
« Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. Vous savez vous-mêmes que j’ai travaillé de mes propres mains pour gagner ce qui était nécessaire à mes compagnons et à moi. Je vous ai montré en tout qu’il faut travailler ainsi pour venir en aide aux pauvres, en nous souvenant des mots que le Seigneur Jésus lui-même a dit : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ! »
“ La connaissance de la parole de Dieu produit l’humilité, la prédisposition à écouter avant d’enseigner…”
Un grave déficit de théologie
Les titres que se donnent ces hommes témoignent également d’un déficit théologique. Or, Paul exige que l’évêque de Dieu soit « propre à l’enseignement » (I Timothée 3.2).
Se croire le Général de Dieu, c’est se mettre au même grade que Michel l’archange, le plus puissant des anges et protecteur de la nation d’Israël. Pourtant, à part lui on n’en connait pas deux, cités par la Bible.
On pourrait, dans la même veine, questionner son titre de prophète et ses prétendues révélations. Certains dons ont disparu pour celui qui s’adonne honnêtement à une étude approfondie de la Bible. La prophétie et la révélation composent cette liste que nous gardons de citer.
Une connaissance correcte de la Bible produit d’abord une reconnaissance qui nous porte à comprendre que nous sommes des serviteurs de Dieu avant d’être leaders, pasteurs, bishop ou artistes one-man-show. La connaissance de la parole de Dieu produit l’humilité, la prédisposition à écouter avant d’enseigner afin de ne pas s’enfler d’orgueil.
C’est exactement ce devoir qui échappe aux leaders chrétiens et qui cause actuellement la dérision du titre pastoral en Haïti. C’est à cause de ce déficit que ceux qui devraient se dresser contre toute forme d’impiété et toute injustice accueillent, aux yeux de tous, un homme qui réduit le sacrifice de notre Sauveur Jésus-Christ, à prix d’argent.
Hadson Albert
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