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Coronavirus: La pandémie qui a tué Dieu ? Réponse à Jean Fils-Aimé 

8 avril 2020

La crise sanitaire actuelle, comme toute crise existentielle, nous pousse à nous poser de sérieuses questions. Le docteur Jean Fils-Aimé profite du moment pour interroger, même ridiculiser ce qu’il comprend comme la charpente des trois religions dites monothéistes (le Judaïsme, le Christianisme, et l’islam). Il s’en prend premièrement à la proposition théologique de la toute puissance de Dieu.

 

Il revient à la question pérenne de la théodicée (1) : Si Dieu est grand, pourquoi souffrons-nous ? Pourquoi ce Dieu grand et puissant n’intervient-il pas dans ces moments de crise planétaire ? Il utilise deux exemples pour appuyer son point de vue. Il souligne que c’est l’Occident chrétien qui est le plus touché par le Covid-19. Il nous rappelle que Rome, « qui accueille le Saint-Siège, c’est-à-dire, le siège officiel de l’Eglise sur Terre, enterre ses milliers de victimes. »

Il semble prendre un malin plaisir à mentionner que « nos églises (autrefois catholiques et aujourd’hui de plus en plus évangéliques) sont truffées de guérisseurs, de thaumaturges, qui n’ont qu’à souffler sur les malades pour qu’ils soient guéris. » Il semble se régaler de souligner que tous les lieux de culte sont fermés, que toutes les promesses de guérisons que l’on trouve dans la Bible ou dans le Coran ne veulent rien dire en ce moment.

Pour Fils-Aimé, « si le discours islamo-judéo-chrétien d’un Dieu Tout-Puissant était vrai, les synagogues, les mosquées et les églises se transformeraient, au son de la pandémie, en de formidables méga hôpitaux ». Il conclut cette première partie de sa pensée polémique en déclarant : « Foutaise que tout cela ! » 

 

Dieu est là et souffre avec nous quand nous souffrons

Revenons à la question de la théodicée. C’est une question importante et les traditions monothéistes ont essayé de donner des réponses diverses. Par exemple, Dieu est au contrôle de tout ; Dieu est souverain et nous ne comprenons pas toujours pourquoi il y a la souffrance dans le monde ; nous souffrons à cause de la chute originelle ; Dieu est là et souffre avec nous quand nous souffrons ; Dieu n’est pas la cause de notre souffrance mais il nous donne la grâce de grandir et d’endurer la souffrance ; la souffrance fait partie de l’existence et nous pouvons l’accepter et vivre avec la souffrance sans nous blâmer, ou blâmer Dieu.

Il y a plusieurs réponses que ces traditions nous suggèrent. On peut les accepter ou les réfuter, mais on ne peut ignorer que c’est une question importante à laquelle plusieurs textes de ces traditions ont dû faire face. L’une des réponses suggérées par la tradition juive et chrétienne est de rester en silence et de continuer à croire en dépit du fait que nous n’avons pas toujours les réponses à ces questions. En ce moment de crise, une telle attitude est peut-être une posture de sagesse en guise de boutade.

Un petit glissement à corriger dans la réflexion de Fils-Aimé est que le Saint-Siège n’est pas « le siège officiel de l’Eglise sur Terre » mais le siège de l’église catholique qui est, évidemment, une partie importante du christianisme mondial. Aussi, un autre glissement à corriger : « nos églises (autrefois catholiques et aujourd’hui de plus en plus évangéliques).»

Le « nos » fait référence à quoi exactement ? Est-ce une référence à la situation historique de Québec ? Sinon, la référence n’est pas claire et n’est pas exacte pour le reste du Canada. De plus, la référence à église « évangélique » est controversée et mériterait d’être élucidée. La discussion semble se miser sur des logiques primaires de séparation de la foi et de la science qui n’est pas important d’entreprendre ici. 

 

Un discours passé

Continuons avec le deuxième point avancé par l’auteur : « Le Dieu Souverain et (sic) en contrôle de tout (El Shaddai).»  L’auteur fait une demande : « Ayons l’intégrité intellectuelle de le reconnaître : la Covid-19 a tué Dieu, le Dieu tout- Puissant, le Dieu Souverain et en contrôle des Islamo-judéo-chrétiens. »

Le discours de la mort de Dieu est un vieux discours. Passé. Cette notion nietzschéenne de la mort de Dieu qui présuppose une libération des dogmes métaphysiques et une volonté de puissance pour atteindre notre surhomme, renvoie à toute perte de sacralité. Les sociologues qui s’intéressent à la question de la religion admettent que l’on ne peut plus parler aujourd’hui comme on discutait, par exemple, dans les années soixante.

Dieu n’est pas mort dans la vie de plusieurs communautés ethniques et religieuses dans le monde. Dieu, ou si l’on veut, le sacré, demeure important pour aider à comprendre le fonctionnement de multiples groupes. Le divin, le sacré, fait que des hommes et des femmes trouvent inspiration à construire, à créer, et à espérer. Le Dieu de la Bible se révèle non pas comme une proposition philosophique mais comme une présence qui n’est ni lointaine ni silencieuse.

C’est ce Dieu qui a inspiré Viktor Frankl à survivre trois camps de concentration, Jean Sébastien Bach à écrire des chef-d’œuvre inégalés, Martin Luther King à marcher avec ceux qui combattaient pour la justice raciale aux Etats-Unis, et des milliards de croyants de tout niveau intellectuel confondu dans le monde entier. Le monde a traversé des moments extrêmement difficiles, et nous vivons dans un monde troublé aujourd’hui. Le temps est à la réflexion, certes, mais une réflexion pleine de compassion. Dieu n’est pas mort. Si nous manquons d’humanité, de compassion, de compréhension dans un moment si tragique, peut-être que nous tuons notre propre raison-d’être.

 

L’église n’est pas limitée à un bâtiment

L’auteur conclut cette deuxième partie de sa réflexion en jubilation : « la Covid- 19 choisit d’inhumer Dieu le dimanche de Pâques. La triste réalité, c’est que les religieux n’assisteront même pas à ses funérailles, puisque les églises resteront fermées à Pâques prochain. Quelle tragédie !» La tragédie, en fait, serait de donner le dernier mot à la mort. Et c’est là le point majeur du Christianisme.

La mort n’est pas vainqueur. Un chercheur peut accepter ou pas cette croyance dans la résurrection. Mais cette croyance a inspiré, et continue à inspirer pour travailler pour la vie, et non à se soumettre à un culte de la mort. De plus, les Chrétiens ont compris, dès le début de l’histoire chrétienne, que l’église, l’ecclésia, est une assemblée qui n’est pas limitée à un bâtiment. C’est peut-être temps pour certains Chrétiens de revisiter cette histoire d’église à la marge de la puissance qui gouverne le monde, et de comprendre l’église en une assemblée qui proclame la vie, même au milieu d’une culture qui proclame la violence et la mort. 

 

Le dernier point de l’auteur est que « La Covid-19 fait de l’Homme le vrai Dieu ». Tout étudiant de l’histoire humaine sait bien où cette conclusion mène. Le penseur Blaise Pascal avait, je pense, raison en déclarant que « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante ; et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. Que l’homme maintenant s’estime à son prix» (Pascal, Pensées, 1962, 151).

Dans la tradition hébraïque, il y a la notion de « yetzer hara » qui sous-entend une sorte de penchant au mal que l’être humain a. Dans ce sens, l’être humain doit toujours faire attention en vue de ne pas succomber à sa disposition à faire le mal, à s’élever, à se comprendre ou à se comporter comme Dieu. Dans la tradition chrétienne, l’homme est compris comme perdu en dehors de la grâce de Dieu.

Le musulman reconnait que Dieu seul est Dieu. Dans ces trois traditions, Dieu occupe une position élevée, tandis que l’être humain ne peut en aucune façon oser prétendre se placer à la place du Créateur. La sagesse qui se dégage de ces traditions est que Dieu et l’être humain se retrouvent à deux sphères opposées. Dieu est éternel, atemporel, en dehors de l’espace-temps, tandis que l’être humain est fini, et évolue dans le temps et l’espace.

Dans ces traditions, ce que nous avons, ce que nous faisons, ne sont que des bienfaits de Dieu. Les scientifiques musulmans, les professeurs à l’université qui sont des juifs pratiquant, et les chrétiens qui occupent toutes sortent de positions dans le monde, sont reconnaissants envers Dieu pour la connaissance, les privilèges, la santé, etc., dont ils bénéficient. Ils ne se voient pas comme Dieu mais comme dépositaires de biens, de connaissances, et de positions sociales et économiques qu’ils peuvent utiliser pour servir les autres. 

Beaucoup de ceux qui aident aujourd’hui avec le Covid-19 ont peur. Ils savent très bien qu’ils ne sont pas Dieu, contrairement à ce qu’avance l’auteur. Voici comment Fils-Aimé conclut son texte : « Or, s’il a cru en Dieu autre que lui, c’était par peur, par infantilisme. » Il salue ici Freud. Mais quiconque lit ce texte particulier de Freud peut souligner les problèmes de son argument.

Revenons à Fils-Aimé : « c’était parce qu’il n’avait pas encore réalisé que toutes les vertus divines sont en lui, et qu’en fin de compte, même si l’idée en elle-même donne le vertige, le seul vrai Dieu, c’est l’homme. Homo Deus est ! Ҫa va bien aller ! » Cette philosophie n’a pas du tout bien marché pour ceux qui ont péri dans les Goulag des bolchéviks ; les « super hommes » ont détruit des millions de vies dans les camps de concentration ; cette philosophie qui prône que l’homme est à la mesure de toute chose nous a donné le monde moderne avec tous ses désenchantements.

On a qu’à écouter Wagner pour voir qu’on est très loin de Bach. Le monde moderne, ce qui est venu après et l’homme privilégié des puissances modernes qui pense que tout est à lui, que tout est exploitable, que la rapacité pour se satisfaire, pour satisfaire sa « divinité » est sans aucune limite, nous donne la crise écologique, sans précédent, que nous vivons aujourd’hui. L’homme-Dieu est dangereux. Cela ne s’est jamais bien passé quand l’homme s’enorgueillit et se prend pour Dieu. Un sage de la tradition juive disait : « L’orgueil d’un homme l’abaisse, mais celui qui est humble d’esprit obtient la gloire» (Proverbes 29:23). 

Cette crise sanitaire peut, l’on espère, nous conduire vers l’humilité et ne pas nous prendre comme ceux qui ont toutes les réponses. Les religions dites monothéistes sont remplies de pensées de sagesse qui peuvent nous aider à comprendre notre humanité, notre dépendance envers Dieu et envers l’autre et servir notre prochain le mieux que nous le pouvons. Certainement, ils n’ont pas la réponse à tout, mais ce n’est pas en ridiculisant leurs théologies et pratiques que nous allons être de citoyens pleins de compassion et de générosité dans ce moment de crise.

 

Théodicée: Justification de la bonté divine par la réfutation des arguments tirés de l’existence du mal

 

Ronald Charles, PhD

St. Francis Xavier University

Dept. of Religious Studies

coronaviruscovidFils-Aiméréponse
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Actualités  / Opinion

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