Selon Philippe Lepage « Une megachurch est une église protestante qui accueille un minimum de 2000 participants à leurs activités religieuses par semaine ». Bien que plusieurs autres réunions religieuses dans les mosquées ou dans les églises catholiques peuvent réunir autant de fidèles, mais l’auteur indique que le caractéristique propre et exclusif au protestantisme est le premier qui définit une megachurch.
Dans les megachurchs, les services et les ministères sont multiples et sont organisés en fonction des besoins des fidèles de la congrégation. « S’il y a des problèmes d’alcoolisme dans la congrégation, un groupe de soutien pour les dépendances sera mis sur pied. S’il y a beaucoup de jeunes parents, des services de garderies seront offerts », d’après l’auteur.
Il poursuit en affirmant que « les megachurches sont régulées du bas vers le haut (des participants aux dirigeants), contrairement aux Églises plus traditionnelles. La personne qui fréquente une megachurch finira par y trouver quelque chose qui répondra à ses besoins, tant spirituels que séculiers. »
Les megachurchs s’attirent une grande foule en adoptant des principes qui sont généralement qualifiés par les églises régulières comme des pratiques séculières. Par exemple, la musique contemporaine est placée au cœur des services d’adoration. Elle est exercée au moyen de guitares et claviers électriques, batterie.
En plus de la musique, les megachurchs utilisent les grands supports multimédias et audiovisuels tels que radio, télévision, Internet, pour faire passer leur message. De grands caméras, des écrans géants, éclairages professionnels, etc. sont exposés lors des cultes d’adoration. Cette volonté pour que le service soit aussi professionnel vise à adorer Dieu qui mérite tout ce qui est bon et agréable.
Les leaders des megachurchs essaient généralement de se débarrasser de toute forme d’appropriation confessionnelle en vue de ne pas troubler le fidèle considéré comme un consommateur potentiel. Lepage fait savoir qu’aux Etats-Unis plus d’un tiers des megachurchs ne sont pas dénominationnels.
« Cette distance envers les dénominations s’explique par la volonté d’attirer des gens sans trainer les connotations négatives que pourrait avoir une dénomination aux yeux d’un participant potentiel », raconte Lepage
Plusieurs instigateurs des megachurchs comme Connel qui justifie cette distance sur une base biblique estime que « dans la Bible, il n’y a pas de dénomination. Jésus n’y aime pas les religions. » Pour Fath, « les megachurches tentent de refléter un christianisme premier, primitif et épuré des traditions l’ayant morcelé. »
Contrairement aux enseignements des églises orthodoxes sur le salut, la tradition des megachurchs veut que ses fidèles vivent cette espérance dans l’ici et maintenant à travers l’exercice de leur foi au quotidien. Ce salut s’assure par la matérialisation des bénédictions selon les messages « édulcoré, simplifié, positif et thérapeutique, contrairement au sermon centré sur la culpabilité de certaines dénominations chrétiennes (Warfet Winsberg, 2010, p. 36) ».
En 2005, les Etats-Unis comptaient au moins quatre megachurchs pour 300 millions d’habitants alors qu’à leur début en 1900 il n’y avait que seulement dix. Ils se sont augmentés progressivement au cours des années en passant par plusieurs étapes. « Non seulement le nombre de megachurches croît, mais le nombre de leurs participants est aussi en croissance. Ainsi, la moyenne de participants dans une megachurch américaine est passée de 2604 personnes en 2005 à 3597 personnes en 2010 (Hartford Institute, 2011). »
Les 4 courants dans l’évolution des megachurchs
On retrace 4 courants au cours de l’évolution à travers les megachurchs :
« Celui de la « vieille ligne » (Old Line!Program-Based) représentant 30% d’entre elles, celui des « personnes en recherche » (Seeker) représentant un autre 3 0 %, le courant « charismatique/focalisé sur le pasteur » (Charismatic/Pastor-Focused) comptant pour 20% et le courant «nouvelle vague » (New Wave/Re-Envisioned) rassemblant les 15% restants.[1]
Les megachurchs s’inscrivant dans le premier courant, « vieille ligne », figurent parmi les plus anciennes et appartiennent généralement à une dénomination qui trace les lignes théologiques de la congrégation. « Par exemple, les liturgies sont plus traditionnelles et utilisent souvent l’orgue et les chœurs. (Ibid., p. 31 -37) ».
La catégorie des « personnes en recherches » sont des assemblées usant de la créativité pour attirer et maintenir un public. Pour s’y faire elle ne s’attache à aucune dénomination ni tradition propre et garde des caractéristiques non-conventionnelles. Ces types de megachurchs cherchent à expliquer la vie quotidienne des chrétiens au moyen des messages prêchés directement de la Bible. « Pour plaire à leur public cible, elles sont construites de sorte à ne pas ressembler à une église, prenant davantage la forme d’un bâtiment corporatif, propre et professionnel, doté de commodités que 1’on retrouve dans un centre commercial ou un hôtel, un café, des restaurants, des salles de conférences et un centre sportif, par exemple. »
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Le courant « charismatique/focalisé sur le pasteur » place le pasteur en tant que leader charismatique de l’assemblée, donc au centre de sa vision. Plusieurs églises pentecôtistes sont remarquées à travers ce courant.
Enfin, les caractéristiques du courant « nouvelle vague » s’oppose à ceux des « personnes en recherche » bien qu’elles se rencontrent sur le point des stratégies médiatiques. Ces assemblées démontrent une croissance accélérée, sont marquées par une structure multi-site et une organisation multi-leader. « Leur théologie est orthodoxe et cherche à suivre le modèle des églises du christianisme primitif. »
Hadson Archange Albert
Crédit photo: Eglise Rendez-vous Christ
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