Mais Jésus lui répondit: « Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts. » Matthieu 8:22
En 2009, Mimose Adely, petite sœur de Mejilia Adely, succombe après une période de convalescence. La défunte était membre de l’Église Shekina de Delmas 33 et participait activement aux rencontres du groupe des Dames.
Mejilia Adely qui fréquentait également l’église annonce au ministère des Dames la mort de sa sœur. « Elles avaient l’habitude de venir prier à la maison et nous visitaient aussi à l’hôpital Bernard Mevs où était hospitalisée Mimose pendant les 15 jours de sa maladie », affirme-t-elle.
Même si elle ne se considérait pas comme un membre de l’assemblée, Mejilia estime qu’elle entretenait de bonnes relations avec les membres du ministère des Dames.
Après avoir tout planifié avec l’entreprise funéraire, Mejilia Adely décide de contacter les responsables de Shekina afin de planifier la cérémonie funéraire. Mais à sa grande surprise, sa demande a été rejetée par le Pasteur de l’église.
« Le pasteur principal de l’église a déclaré qu’on ne l’avait pas prévenu à temps, il ne pourra donc pas officier les obsèques de ma sœur. On m’a fait aussi savoir qu’il avait d’autres responsabilités dont il ne pouvait pas s’en passer. Pourtant, nous avons fait la demande dès le décès de Mimose », poursuit Mejilia Adely. Selon elle, le pasteur n’avait même pas voulu qu’un autre responsable officie la cérémonie dans l’enceinte du temple.
Les obsèques de Mimose Adely seront finalement chantées par un autre Pasteur et dans une église située à Bourdon. « Aucun membre de son église n’était présent à la cérémonie. Même les membres du ministère de Dames ne sont pas venus nous visiter après les funérailles » confie-t-elle. Furieuse, Mejilia Adely a coupé tous les liens avec la communauté religieuse.
Le 22 avril 2018, Ralph Lindor, trésorier du comité de l’association des jeunes d’une église Baptise à Bossier, 4ème section de Bellevue la Montagne, se suicide suite à une grave dépression. Quelques semaines avant sa mort, rapporte sa mère au journal Ayibopost, « Lindor était devenu distant, manquait d’intérêt pour ses projets et déclarait vouloir s’endormir éternellement. »
Les responsables de l’église où persévérait le jeune homme de 25 ans n’a pas voulu officier ses funérailles en évoquant les causes de sa mort. Une décision qui a doublement ravagé la famille, selon Ayibopost. « Un voisin a finalement concédé son terrain pour les funérailles. Le pasteur de Ralph Lindor officiera cette cérémonie hors temple », rapporte le journal.
La célébration des funérailles n’est pas biblique
La célébration des funérailles remonte à très loin dans l’histoire de la civilisation humaine. Les rites funéraires varient en fonction des symboles, des pratiques des échanges commerciaux, des conquêtes guerrières et l’apport d’autres coutumes[1].
Dans l’église catholique, elle remonte à l’ère de l’empire romaine et du développement de l’ère chrétienne. Les Protestants, eux, ont pendant longtemps refusé les funérailles afin d’éviter toute forme de pratiques superstitieuses.
«Les funérailles ne sauvent ni condamnent le défunt. L’église les célèbre pour consoler sa famille, mais la cérémonie ne lui concerne pas”, déclare Pasteur Jean Claude Pierre, membre du corps pastoral de la Première Église Baptiste des Cayes. Pour lui, la cérémonie des funérailles est un moment à profiter pour promouvoir la parole de Dieu auprès des non-chrétiens.

Des hommes transportant un cercueil vers un cimetière pour la mise en tombeau. Photo: Georges Harry Rouzier
Selon le Pasteur Seige Poteau, il n’y a pas de versets qui justifient la célébration des funérailles à l’église. Mais dans la communauté protestante, on célèbre les enterrements pour trois raisons « réconforter la famille du défunt, célébrer le voyage du décédé et enfin, évangéliser ceux qui viennent assister à la cérémonie. », martèle le Pasteur.
Il considère la mort d’un chrétien comme une bonne nouvelle car, dit-il, « on sait que la vie d’un chrétien n’est pas finie avec la mort. »
Fenel Josselin, Pasteur titulaire à Calvary Chapell, explique que la Bible ne présente aucune formalité sur la célébration des funérailles, ni sur la gestion du cadavre.
« Dès que le corps ne respire plus, il n’a plus d’importance. Le plus important c’est l’âme du défunt. Au moment de la célébration des funérailles l’âme a déjà atteint sa destination finale : Paradis ou enfer. », martèle le Pasteur.
D’après lui, une cérémonie funéraire peut être organisée n’importe où et ce n’est pas une obligation pour que l’officiant soit un pasteur. Les responsables de l’église peuvent également déléguer un fidèle capable d’assurer le service, toujours selon Fenel Josselin.
L’exception de certaines églises
En juin 2016, moins de 36 heures après la fusillade dans une boite LGBT à Orlando, l’église adventiste du 7ème jour a proposé des services funéraires gratuits pour les victimes. L’annonce publiée sur Facebook a suscité des remous au sein et en dehors de la communauté.
Jean Carmy Felixon, étudiant en théologie à l’Université adventiste, la doctrine de la dénomination considère les funérailles comme un temps d’encouragement aux vivants affectés par le deuil. L’église adventiste, en ce sens, se met toujours disponible à célébrer les obsèques de toute personne. « Qu’elle était croyant ou non », affirme-t-il.
À Calvary Chapell, les fidèles n’obtiennent pas de carte pour leur persévérance à l’église. Cependant il y a plusieurs ministères qui permettent aux membres de s’attacher à l’église, selon le pasteur Seige Poteau.
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« Nous avons un pasteur qui est responsable de la planification de l’organisation des mariages ainsi que des funérailles. Si une personne décède la famille n’a qu’à contacter l’administration de l’église pour les suites correspondantes”, ajoute le membre du corps pastoral de l’église.
Cependant, il avoue avoir parfois rencontré des difficultés avec des personnes qui ne sont liées à l’église par aucun ministère. « Si le défunt (croyant ou non, ndlr) n’est pas membre d’un ministère, membre de famille ou ami d’un persévérant de la communauté nous ne célèbrerons pas ses obsèques. Car, poursuit-il, nous ne pouvons célébrer les funérailles de tous les citoyens du pays. »
Seige Poteau ne voit cependant aucun problème à célébrer les obsèques d’une personne qui s’est suicidée. Je ne vois pas dans la Bible où on écrit les gens qui se sont donnés la mort iront en enfer. Le suicide est une conséquence d’un problème mentale. Donc, on ne doit pas pénaliser la famille », précise-t-il.
Molière Adely
Hadson Archange Albert a contribué à cet article
Photos: Georges Harry Rouzier
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