Daniel J. Pyton, virtuose de la musique évangélique haïtienne, est mort sur son lit d’hôpital à Miami, le 9 aout dernier. Il laisse derrière lui une carrière musicale riche qui a marqué plusieurs générations dans le milieu chrétien.

Si vous appréciez la musique évangélique, vous reconnaîtrez facilement l’un des morceaux de l’orchestre « Symphonie Angélique d’Haïti » qui a convoité le cœur de plusieurs générations. Pourtant, Daniel J. Pyton, son éminent maestro, n’a jamais bénéficié de cette reconnaissance car ses œuvres l’ont toujours précédé.  

Né à Port-Au-Prince,  le 22 février 1950, il grandit au Fort National où il s’évertua dans ses deux grandes  passions : la couture et la musique. C’est au lycée Alexandre Pétion qu’il apprendra la musique avant de devenir, plus tard, professeur, puis membre de la fanfare de l’établissement. Il a été chef de  la fanfare du  lycée Anténor Firmin pendant quelques temps.

Avec ses frères Samuel et Adonis, également musiciens, il fonda l’orchestre  Symphonie Angélique d’Haïti, le 28 aout 1968. Le maestro dirigera l’orchestre pendant toute sa vie.

Pyton était un amoureux des  instruments à vent. Il jouait au saxophone au sein de  l’orchestre, mais avait le baryton comme instrument de prédilection. Ce qui explique fort bien les fameuses orchestrations des instruments à vent rencontrées sur bon nombre de titres du répertoire assez riche de la Symphonie Angélique.

Pour insuffler sa passion aux générations futures, Maestro Pyton se mit  avec Jean Joseph Normil, maestro du groupe « Les  Etincelles de l’évangile », ainsi que d’autres frères musiciens pour  créer l’Association des Musiciens Chrétiens Haïtiens (AMCH).

Pierre Gardy Fontaine, musicien résident aux Etats-Unis, a rendu hommage au maestro aux antennes de Radio Evangélique de Boston. « C’est grâce à eux si je suis devenu aujourd’hui, reconnait-il. Le maestro détenait une école de musique à la rue Dr Aubry et je suis de la première promotion de cette école. »

Zephyr Pierre Louis, trompettiste du groupe Symphonie Angélique Haïti qui intervenait à la même émission, présente le maestro comme « un musicien raffiné et un auteur de grand calibre dont le schéma de l’écriture rappelle celui d’une lettre. »

Pierre Gardy Fontaine nourrit la même idée en rappelant le perfectionnisme du maestro à travers ses différentes compositions. « Il a redressé la barre de la musique évangélique haïtienne. Ses textes sont très étoffés », martèle-t-il avant de concéder que Pyton a mis l’évangile en avant pendant toute sa carrière.

Un homme de cœur

Derrière le chef d’orchestre  discipliné, créatif et dynamique se dressait un homme de cœur, humble. Le principal compositeur de « Kè Nou  Kontan »  avait un grand sens de l’humour et un élan à aider son prochain. Des jeunes de son quartier tout comme ceux de l’église.

Selon le Pasteur  Emmanuel Fontaine,  « Daniel était un conseiller. Il encourageait les jeunes du quartier à pratiquer la musique et à cultiver l’honnêteté. Il invitait les jeunes chrétiens à se donner  comme instrument au service du Seigneur. »

Jean Joseph Normil, collaborateur de Daniel J. Pyton à Radio Lumière, admet que ce dernier a joué un rôle prépondérant dans sa vie quand il devrait s’installer aux USA.  « Il m’a prodigué des conseils au moment où j’avais de  sérieuses décisions à prendre » confie-t-il au micro de la radio  évangélique de Boston.

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Pierre Gardy Fontaine  qui considérait  le maestro comme un grand frère fait mention de sa générosité transposée jusque dans l’administration du groupe. « Il n’était pas intéressé par l’argent. L’orchestre ne devait recevoir aucun frais pour les prestations alors qu’à cette époque nous jouions avec des instruments empruntés. C’était à lui de payer  les instruments cassés ou défectueux », explique Fontaine.

Un serviteur de Dieu

Hormis son travail au sein  de  l’orchestre  « Symphonie Angélique Haïti » Daniel Python prêtait ses services à plusieurs Chorales traditionnelles en Haïti et même aux USA où il a vécu ses derniers  instants selon   Roudoll  Pierre Louis, actuel animateur à RTL.  
Était-ce une façon à  l’auteur de travailler pour le Seigneur tout en mettant en pratique ce qu’il prêchait via ses chansons ?  Les aveux de ses fréquentations ne laissent pas croire le contraire. 

Pasteur Emmanuel Fontaine voyait en  Daniel « un homme qui aimait Dieu et qui  lui était reconnaissant. » Pierre Gardy Fontaine n’en disconvient pas. Pour lui, Daniel J. Pyton était vraiment un serviteur de Dieu qui se donnait corps et âme à son ministère musical. »

Jean Joseph Normil, pour sa part,  relate que  « Daniel était ferme sur sa conviction chrétienne. »  Il invite les artistes évangéliques à suivre les traces du maestro en faisant de leur vie un témoignage de ce qu’ils abordent comme sujet dans leurs œuvres.

Daniel J. Pyton a rendu l’âme le mardi 9 aout 2020 à l’hôpital Mount Sinaï, Miami Beach. L’orchestre Symphonie Angélique d’Haïti a offert une prestation remarquable à ses funérailles en hommage à sa riche carrière musicale et sa fidélité. C’est son frère, le maestro Adonis Pyton, qui reprend désormais les rênes de la bande musicale.

Daniel Jean Baptiste