Pris sous l’angle externe, l’environnement se manifeste en opportunités et en menaces. L’approche adoptée par Pierre G. Bergeron fait ressortir deux grandes composantes de l’environnement externe : l’environnement général et l’environnement immédiat[1].
Lisez la première partie de cet article ici: Le croyant : un temple saint environné du monde déchu comme parvis [Partie I]
Les éléments de l’environnement général s’imposent à tout le monde et une certaine adaptation est obligatoire. Nous y trouvons, sans être exhaustif, les contextes social, religieux, économique, international, politique, juridique et technologique dans lesquels le croyant évolue, ainsi que les inconvertis en général. Ces éléments considérés comme opportunités, offrent au croyant la possibilité de prêcher l’évangile, de témoigner pour Christ, de faire des études, de voyager, de créer des entreprises, de briguer des postes électifs, de profiter des technologies de la communication et de l’information, et plus encore…
Quant à l’environnement immédiat, il est constitué d’éléments résultant généralement d’un choix. Pour un croyant, l’environnement immédiat peut comprendre les membres de sa famille pris dans le sens général. Nous pouvons également mentionner le cercle d’amis, des collègues de travail, des camarades de classes, certains fidèles de l’assemblée fréquentée, certaines gens du quartier du croyant.
Dans le Nouveau Testament, un des symbolismes utilisés par Jésus le Christ lors du sermon sur la montagne pour désigner le comportement du croyant sur la terre est le sel (Mat 5 :13). Le sel est connu pour sa grande propriété à préserver contre la décomposition et à donner du goût. Après analyse et avec discernement, dans les domaines que le parvis présente des opportunités, le croyant donc doit s’y intégrer. « Etant dans le monde », il doit être agressif et profiter des moindres occasions favorables pour influencer par son goût et stopper la décomposition, la dépravation et la corruption du monde, manifesté dans son parvis.
Ce faisant, exercé selon la Parole de Dieu et avec discernement, le croyant ne se laisse pas influencer mais il influence. A ce titre, cela met en évidence la responsabilité du croyant, dans ses relations et interactions avec son parvis, de s’intégrer tout en gardant intacte son identité, n’étant pas du monde[2]. L’apôtre Paul nous en donne l’exemple dans ses rapports avec les gens de son « parvis » : il se faisait tout à tous afin de sauver de toute manière quelques-uns (1 Cor 9 : 19-22).
A contrario, les éléments de l’environnement externe peuvent se dresser en menace pour le croyant. Est menace tout ce qui peut nuire voire compromettre la vie chrétienne du croyant et sa communion avec Dieu. Face aux menaces de l’environnement, la fonction de sel du croyant doit se coupler obligatoirement à celle de lumière (Mat 5 :14-16). Cette dernière se réfère au fait pour le croyant de se positionner en modèle et en référence pour son parvis. Tout comme la lampe allumée ne peut être placée sous le boisseau, il en est de même pour le croyant. Sa position est en haut, au-dessus de la mêlée. Il brille alors par son témoignage, son attitude, sa façon d’être, donc sa conversion.
Le lieu saint du croyant, entre forces et faiblesses…
Le lieu saint peut être vu comme l’environnement interne du croyant. A cet effet, ses constituants font corps avec le croyant (âme, esprit et corps) et peuvent le fortifier ou l’affaiblir. Nous y trouvons des éléments contribuant au développement de ses aptitudes (talents, éducation, formation), à sa croissance spirituelle (étude de la Parole de Dieu, prière, etc.) et d’autres d’ordre général (principes, habitudes développées, qualités et défauts, relations amoureuses et amicales, etc.). Etant en lui ou les ayant placés en son sein, ces éléments procurent au croyant forces ou faiblesses. La Bible présente des cas notoires de personnages n’ayant pas géré convenablement leur environnement interne :
- Achazia s’est entouré de conseillers qui causeront sa perte (2 Chro 22 :4) ;
- Samson en a payé les frais pour avoir intégré en son sein, dans son environnement interne successivement plusieurs femmes étrangères, dont Dalila (Juges 14 :1 – 15 : 1-16) ;
- Salomon, par son harem, est devenu idolâtre et a provoqué la division de sa nation (1 Roi 11 : 1, 4-7, 31) ;
- Jésus a placé Juda, quoique volontairement (Jean 6 : 70), dans son environnement interne, dans le cercle sélect des douze. Et Il en a payé les prix !
Le livre des Proverbes contient des paroles d’or quant aux comportements, attitudes et précautions à prendre au regard de son environnement interne. Il met en garde contre les effets dévastateurs de la colère (Prov 14 :17 ; 19 : 19), le fait de ne pas jouer avec le danger (Prov 6 : 27), l’effet salvateur de l’instruction (Prov 4 : 13), la moquerie du vin (Prov 20 : 1). Le cœur revient souvent dans le livre des Proverbes et au quatrième chapitre il est écrit : « Garde ton cœur plus que tout autre chose car de lui viennent les sources de la vie » (Prov 4 :23).
Le Nouveau testament contient également des enseignements de même type. La manière de penser joue un rôle important dans les actions d’un croyant et l’apôtre Paul dresse une liste d’éléments en ce sens (Phil 4 :8). Au livre de Galates, il dresse deux tableaux avec les œuvres de la chair (Gal 5 : 19-21) et le fruit de l’Esprit (Gal 5 : 22). La Bible dans son ensemble met en lumière des gens, des principes et des choix qui peuvent contribuer à la force ou à la faiblesse d’un croyant.
Le temple saint et le parvis : entre proximité épidermique et enjeu titanesque
Bien qu’en interaction constamment, le croyant ne peut tirer aucune force du parvis. Il lui revient toutefois d’en tirer profit (opportunité) en vivant sa vie chrétienne et en exploitant son propre potentiel de sel et de lumière. Intégrer des constituants du parvis en son lieu saint fera sa faiblesse à coup sûr, à court, moyen ou long termes. Salomon et Samson en ont payé le prix fort. La place de chacun des éléments de son environnement importe beaucoup pour le croyant. A la lumière de la Bible et sous la dictée du Saint-Esprit, des éléments de l’environnement interne et immédiat doivent être évincés ou replacés en environnement général, vice versa.
Sinon, le croyant expérimentera ces propos de l’apôtre Paul : « Ne vous y trompez pas, les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Cor 15 : 33). Néanmoins, comme le reconnait l’apôtre Paul, il est impossible pour le croyant de ne pas avoir de relation avec les gens de mauvaise vie de son parvis, autrement il lui faudrait sortir du monde (1 Cor 5 : 9-11). Jésus nous a laissé des exemples notoires en ce sens. Des publicains, Jésus a fait passer Matthieu de l’environnement général à son environnement interne (Mat 9 : 9-13) et Zachée à son environnement immédiat. Pourtant, Il semble laisser dans l’environnement général des gens qui voulaient être dans son environnement immédiat ou interne (Luc 9 :57-58, 61-62 ; Marc 5 : 18- 19). Pire, le Seigneur Jésus a laissé librement partir des disciples qui sont passés de son environnement immédiat à son environnement général (Jean 6 : 66).
Le croyant est dans le monde mais il n’est pas du monde. C’est l’un des sens que revêt le terme Eglise, suivant les propos de Jules Casséus : « Fidèle encore à l’idée et à la signification classique originale, quand le terme était adopté dans la Littérature Chrétienne et appliqué à des usages plus élevés et sacrés, il signifiait une communauté appelée hors du monde, élue, choisie et séparée- Ekklektoi[3] ». Jésus n’a aucunement été confus dans ses propos, tandis que toute confusion au regard de Son enseignement peut être désastreuse pour le croyant.
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Comme temple de Dieu, le croyant tout en étant saint, est entouré d’un parvis. Entre son lieu saint et le parvis, la frontière est mince, la proximité est épidermique mais l’enjeu est titanesque. De ce fait le croyant, en tout temps, jusqu’au retour du Christ, se doit d’analyser son parvis afin de s’y adapter sans compromettre sa sainteté.
Tout compte fait, dans sa vie de communion fraternelle avec son environnement interne et sa quête de dialogue avec son environnement externe, une certitude demeure : les ruses du diable. Aussi le croyant est-il appelé, suivant les injonctions de l’apôtre Paul, de se revêtir de toutes les armes de Dieu (Eph 6 : 11-19 ). Dans cet ordre d’idées, Watchman Nee déclare avec sagesse : « Pour Satan, la meilleure façon de nous vaincre est de nous pousser à agir par notre propre force. Satan veut que nous agissions par nous-mêmes. Il veut que nous exercions notre propre habilité naturelle et notre propre énergie charnelle dans notre travail pour Dieu[4] ».
Maxon Julien
Références
Jonathan Hanley, Une église rayonnante. Editions Farel, France, 2003..
Jules Casséus, Théologie systématique. La Presse Evangélique, Port-au-Prince, 2002.
Pierre G. Bergeron, La gestion moderne intégrée, G. Morin, Canada, 1997.
Maxon Julien, Croyances religieuses et orientation professionnelle: cas des chrétiens de la Première Église Baptiste de Carrefour. Mémoire de premier cycle en Théologie, Université Chrétienne du Nord d’Haïti, Limbé, 2017.
Stephen Robbins et al., Management : l’essentiel des concepts et pratiques. France, Pearson, 9eme Edition, 2016.
Watchman Nee, L’Église glorieuse, La vision de Dieu concernant l’Église. Éditeur : Courant de Vie, USA, 1998.
[1] Pierre G. Bergeron, La gestion moderne intégrée, G. Morin, Canada, 1997.
[2] Maxon Julien, Croyances religieuses et orientation professionnelle: cas des chrétiens de la Première Église Baptiste de Carrefour. Mémoire de premier cycle en Théologie, Université Chrétienne du Nord d’Haïti, Limbé, 2017, p. 54.
[3] Jules Casséus, Théologie systematique. La Presse Evangelique, Port-au-Prince, 2002, p. 319.
[4] Watchman Nee, L’Église glorieuse, La vision de Dieu concernant l’Église. Éditeur : Courant de Vie, USA, 1998, p. 107.
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